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AUBERGE DES TROIS ROIS DE CHATENOIS

AUBERGE DES TROIS ROIS DE CHATENOIS

Cette maison située au n°53 de l’avenue Foch à Châtenois mérite notre attention. En effet, en l’examinant attentivement on y découvrira un décor tout à fait original sur les deux poteaux corniers de cette maison. Ainsi sur le poteau de droite (vers le bas) on peut même lire la date « 1712 » qui correspond à celle de la construction de l’édifice. On aperçoit un décor en relief polychrome représentant des hommes vus de profils en train de boire et de fumer ainsi que des rinceaux et des vases.

 

Hans ou Jean Ziegler était le propriétaire de l’auberge « Aux 3 Rois ». Bien que Jean Ziegler occupait la fonction de un « Heimbürger » ou bourgmestre, il était chargé de gérer les comptes de la commune, le budget, les recettes et les dépenses, et aussi l’encaissement des impôts qui se payaient en espèces.

 

Malgré cette fonction cela ne le plaçait nullement au-dessus des lois. C’est la conclusion qu’on peut tirer de ce que révèlent les archives de la justice de cette époque. On y trouve un jugement prononcé contre lui par le procureur fiscal le 3 août 1716.

 

Jean Ziegler était accusé « de s’estre servy d’un poid de 3 livres qui lors de la visite faite le 11 avril dernier a pesé un once de moins qu’il ne devait. »

Défense : « feu Adam Michel KRAUSS serrurier lui a fait ce poids il y a de longues années qu’il a cru qu’il soit juste , il s’en est même servi quand il a a acheté du beurre, du fromage, que sa femme l’a montré à Jacques BRAUN et Nicolas DUCROT (les vérificateurs) qu’elle aurait pu le cacher si elle avait voulu , qu’il n’est point marchand. Il est vrai que cette année quand quelques uns ont logé chez lui il leur a donné quelques fois du pain de ménage par livre mais qu’il ne s’est pas servi de ce poids et que tout au plus il a débité un sac de farine cette année. ».

Tout cela lui vaudra tout de même une amende.

 

Même des questions à priori de moindre importance étaient portées devant la justice. Ainsi il y a un protocole du 4 septembre 1694 qui rapporte l’affaire suivante : Jean ZIEGLER du Gericht (tribunal) contre, Anne SCHWITZGERIN bey Peter BOGE « qui a ramassé des poires sous son arbre ». Elle fut condamnée à une peine assez surprenante : l’accusée devait être mise en cage le soir même « gleich in die Trillen gesetzt werden solle » (doit être immédiatement enfermé dans une cage) !

 

Une autre affaire datée du 9 février 1696 rapporte la plainte de Mathias GEBERT contre Jean ZIEGLER Heimburger qui l’a traité de « hergolfener Beyer » (nouveau venu de Bavière).

Jean ZIEGLER Heimburger contre Georges GOLDSTEIN qui, chaque fois que la bourgeoisie se rassemblait, en profitait pour fomenter « eine General Rebellion » (la zizanie dirait-on aujourd’hui). Le plaignant demande à ce qu’il soit puni sévèrement. L’accusé rétorque qu’il n’a rien dit qui puisse offenser les autorités. En punition il sera malgré tout enfermé dans la tour jusqu’à dimanche matin.

 

La séance du 26 février 1700 est également très révélatrice. Voici ce dont il s’agissait :

JJ KRISSMAR et JJ CHRIST. Mardi dernier durant toute la nuit, jusque dans la journée de mercredi, ils ont « gestihlet und getruncken » (mangé et bu) dans la maison de Jean ZIEGLER. GILLMETT procureur fiscal demanda à ce que les deux protagonistes ainsi que l’aubergiste soient punis.

Les deux rétorquèrent « sie haben sich in Ehren lustig gemacht und nichts böses gethan ». Ils déclarèrent en toute sincérité avoir passé un bon moment à s’amuser en ne faisant rien fait de mal. Ils demandèrent donc la relaxe. Ils furent tout de même condamnés à une livre de cire pour l’église.  L’aubergiste fut relaxé. Jean ZICKLER et Hans Conrad KOSSMANN également présents furent pareillement condamnés.

Décidément la profession d’aubergiste n’était pas de tout repos !

 

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