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Les monstres de la Collégiale

Les monstres de la Collégiale

En passant près de la Collégiale Saint-Martin à Colmar, n’hésitez pas à lever la tête pour les repérer. Elles sont là silencieuses depuis des siècles, je veux parler des « gargouilles ».

 

Mais que désigne au fait ce mot ? Ce terme « gargouille » vient du latin « garg » qui signifie « gorge » et de l’ancien français « goule » qui veut dire « gueule ».

 

Elles firent leur apparition au début du XIIIe siècle. Elles avait pour but d’améliorer l’évacuation des eaux de pluie qui jusque-là se déversaient directement sur la voie publique.

 

Les gargouilles sont en général en pierre. Elles apparaissent souvent sous la forme de figures animales ou humaines grotesques.

 

Et, contrairement à la représentation des saints, qui était tenue à des formes hiératiques (c’est-à-dire conforme à un style imposé), leurs créateurs pouvaient donner libre cours à leur imagination. Et ils ne s’en privèrent pas !

 

Les gargouilles les plus célèbres se trouvent sur les corniches supérieures de Notre-Dame de Paris.

Il n’existe pas deux gargouilles identiques en France selon ce que déclare l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. D’ailleurs cette étonnante diversité ne facilite pas leur interprétation.

 

On peut cependant distinguer plusieurs types de gargouilles.

 

Il y les gargouilles de forme animale qui datent pour la plupart du XIIIe siècle. Elles sont représentées dans différentes postures, soit combattant ou dévorant un autre animal ou un humain.

 

 

Il y a ensuite les gargouilles humaines, dont les attitudes immorales voire obscènes, représentent un large catalogue des vices et de défauts de l’humanité.

 

Quant à leur interprétation c’est là une question difficile à résoudre. On peut cependant affirmer que la religion chrétienne à cherché un moyen pour rappeler aux croyants que le Mal constitue leur pire ennemi. Les gargouilles constituent un moyen d’éloigner à cette époque, tout ce qui était considéré comme malin ou démoniaque. Certains racontent que les gargouilles hurlent à l’approche du Malin.

 

Ces difficultés auxquelles se heurte l’interprétation des gargouilles a été mise en relief par Joris Karl Huysmans en 1898. Dans son livre, « La Cathédrale », il décrit en détail l’architecture et surtout la décoration sculptée et vitrée de Notre-Dame-de-Chartres, en particulier sous l’angle symbolique.

 

Ainsi il déclare : « sur cette terre tout est signe, tout est figure, le visible ne valant que par ce qu’il recouvre d’invisible » (XVI, p. 325).

 

 

 

Voici ce que déclarent P.O. Dittmar et J.P. Ravaux dans leur étude sur la « Signification et valeur d’usage des gargouilles : le cas de Notre-Dame de l’Epine ».

 

« Il semble donc que l’animalité et surtout l’humanité soient représentées dans les gargouilles sous une forme largement négative et cela dans une visée moralisatrice. Le discours qu’elles tiennent via la pratique et les déformations de leurs corps participent d’un usage du contre-modèle très important au Moyen Âge. C’est probablement parce que cette vertu pédagogique du mauvais exemple a presque totalement disparue après le concile de Trente que nous avons tant de mal à comprendre la place des images outrageantes au chevet d’un lieu sacré ».

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