Le changement des noms de rues est un sujet inépuisable. Il offre quelquefois de surprenantes appellations comme le montre notre exemple « Rue des Tartines ».
Voici donc quelques éclaircissements.
L’ancienne voie prétorienne « via praetoria » suivait l’axe Ouest-Est du « castrum d’Argentoratum » , l’ancien camp légionnaire romain autour duquel s’est développée la ville de Strasbourg.
Ce camp fut construit par la 8e légion romaine à la fin du 1er siècle de notre ère.
Sur cette vue apparaissent le plan des murs et les tours d’Argentoratum avec le tracé des rues actuelles et l’emplacement de la cathédrale.
Oui mais où se trouvait donc cette fameuse « rue des Tartines »
En examinant le plan de l’ancien camp romain on constate que la « rue des Hallebardes » prolongée par la « rue des Juifs » suit exactement le tracé de l’ancienne voie romaine.
Sur la plaque de rue placée sur l’angle de la maison qui porte le n°15 de la rue des Hallebardes, il est question d’une « Spiessgasse » ou « rue des Piques ».
En effet, le terme allemand « Spiess » signifie « pique », « lance », mais également « hallebarde ».
Une hallebarde était une très longue lance d’estoc autrefois utilisée par l’infanterie. Contrairement à de nombreuses armes similaires, la hallebarde n’était pas destinée à être lancée.
Elle fut régulièrement utilisée dans les guerres européennes du début du Moyen Âge jusqu’à la fin du XVIe siècle. Les armées de lansquenets et de mercenaires suisses, l’utilisaient comme arme principale.
Cette rue « Spiessgasse », précisons-le, allait de l’ancienne place du Marché aux Herbes (l’actuelle place Gutenberg) à la rue des Orfèvres.
On y comptait, entre le XIIIe et le XVIe siècle, de nombreuses boutiques d’éperonniers, de ferblantiers ou de fourbisseurs d’armes
Quant à l’autre partie qui allait de la rue des Orfèvres à celle du Dôme, elle était connue, à partir du XIVe siècle sous le nom de « Fladergasse ».
Puis en 1765 sous « Flattergass » et aussi rue de « Flader » (1786). Le terme « Fladen »signifie « gâteau », « tourte » ou « tartine ». C’est pourquoi on appela « Fladenbäcker » l’artisan qui les fabriquait pour désigner un pâtissier.
Mais au fil du temps ces vocables finirent par tomber en désuétude.
Puis, en 1995 la ville de Strasbourg décida d’apposer des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien. Quel nom français a-t-on finalement donné à cette rue ?
Et bien ce fut à ce moment-là qu’elle reçut le nom de « rue des Tartines ».
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